Quelle vision avez-vous du contexte, du terrain sur lequel les leaders d’aujourd’hui agissent ?

Aujourd’hui, je pense que les leaders agissent  soit avec discernement soit avec opportunisme. Il y a une façon de voir ce qui se passe dans le monde,  les changements qui s’opèrent pour en faire une force pour développer de nouveaux services ou biens. Il y a aussi une façon d’être opportuniste qui amène à spéculer en amont de ce qui s’annonce. Comme toujours, je pense qu’il y a ceux qui vont s’ouvrir et créer et ceux qui resteront ancrés au connu et qui tenterons juste de tirer leur épingle du jeu. Que ce soit dans les affaires, la finance, ou le pouvoir, à quelque étage qu’il soit.

Il y a des visionnaires qui vont agir pour le plus grand nombre et d’autres qui agiront pour le plus petit. Tout ça est commun et  utile à l’évolution des sociétés. Pour autant, il fleuri de plus en plus de leader ouvert d’esprit. Une décrispation est en route.

Qu’est-ce que la lucidité pour vous?

La lucidité, c’est pour moi la conscience. Conscience dans le sens de mesurer, ressentir, sentir ce qui se passe, ce qui se vit. Utiliser tous ses sens avec « présence » pour expérimenter et ainsi se servir de tous ses propres prismes.


La lucidité est elle importante pour vous et pourquoi?

C’est essentiel, sans cela, je serais borner à répéter, à suivre, à copier, à réciter…. Pour être créatif, original, inspiré, la « prise de conscience », l’utilisation de nos prismes, de nos sens est indispensable. Cette conscience est ce qui rend l’homme plus libre et moins gouvernable et je suis épris de liberté de ressentir, de vivre, de sentir, d’explorer.

Qu’est-ce qui peut empêcher cette lucidité?

L’aveuglement, le fantasme, la peur, la pression, le formatage, la maladie. Tout ce qui ne laisse pas l’être humain s’exprimer et explorer ses propres expériences l’encadre dans un chemin tracé, de dogmes, d’idéologie… Ce qui n’encourage pas le courage et l’audace ferme les portes de l’exploration, de la conscience et de la lucidité.

Comment faites-vous pour garder l’esprit lucide dans les moments où la clarté ne semble pas au rendez-vous ?

Je fais un break, je fais du sport, je fais un jeûne, je médite, j’utilise tout ce que je connais pour me connecter à moi-même, pour utiliser mes sens et prendre conscience de que je ressens dans telle situation ou telle autre et j’essaie de reconnaître mes freins, mes peurs qui m’empêchent d’avancer et enfin je tente de relativiser cela, le tout dans son contexte.

Quelles sont les clés pour prendre des décisions quand les paramètres de la situation sont peu clairs ?

Je pense qu’il faut poser les choses sur la table, avec froideur et pragmatisme, les évaluer tout à tour, avec sa tête et aussi avec ses autres sens. Il est aussi utile de se servir de sa conviction, de sa foi (entendez par là, ce que nous sommes profondément en nous, pas de religion ici). Je mesure les possibles résultats et effet selon les décisions possibles et je tente de chercher une autre solution à laquelle je n’avais pas pensé. Ça peut être sous une forme de brainstorming, ce qui va laisser émerger une autre voie.

De votre point de vue, la lucidité découle-t-elle de l’intuition et du ressenti, ou ne peut-elle s’acquérir qu’à partir de la raison ?

La lucidité est la conscience que nous avons de nous même, de notre entourage, de notre environnement. Cette conscience est pour tous. C’est une fonction. On ne sait pas toujours bien s’en servir car elle n’est pas apprise .

C’est donc un apprentissage à faire. Et aussi une « hygiène » de vie, un exercice quotidien.
L’intuition vient ou fait partie de cette fonction. La raison ou le cerveau ne font pas tout. Il est utile d’expérimenter et de ressentir en soi, dans son corps, dans son ventre, ses entrailles, son cœur, ce qui se passe. L’intuition, l’idée, le rêve, va émerger et la raison va pouvoir ainsi utiliser cela pour le mettre en œuvre.

pascalqueslin3